Posté le Jeudi 15 janvier 2009

Sénégal: Migrations et droits humains

Dr. Aly Tandian

http://fr.allafrica.com/stories/200812291150.html

Célébrer la Journée internationale des migrations mérite une attention particulière car, certains points sont encore peu interrogés ou non évoqués. A présent, lorsqu’il est question de parler des migrations, les regards tournent plutôt vers les transferts de fonds et de biens ou tout récemment la question des cayucos sénégalais qui accostaient aux terres espagnoles.
Au niveau de notre équipe de recherche, le Groupe d’éudes et de recherches sur les migrations et les faits de sociétés, nous avons estimé utile pour cette année de célébrer cette journée avec comme sujet de réflexion la question des droits humains qui, faut-il le dire, est fondamentale pour appréhender les migrations actuelles qu’elles soient celles d’ici, de là-bas ou d’ailleurs. Seulement, avec précaution, il faut comprendre que pour parler de la question des droits humains plusieurs éléments aussi importants les uns des autres sont à évoquer. Il y a la question de liberté de circulation et de sécurisation territoriale, la question de la mobilité souvent entravée avec la mise en place de fichiers numériques et de visa uniforme, la question de l’asile et des réfugiés avec quelquefois des procédures longues ou sommaires dans le traitement des demandes.Nous pouvons aussi évoquer la question du respect du droit dans l’activité des populations migrantes et dans leur vie de tous les jours, la question des excès du tout sécuritaire avec les camps de rétention et les procédures d’éloignement.Nous avons choisi de parler de la question des droits humains cette année car, pour le dire rapidement c’est une opportunité qui nous permet de nous orienter vers d’autres problématiques migratoires telles que les trajectoires sociales, les territoires circulatoires, les études de genre, les E-migrations, la question du vieillissement des populations étrangères, le transnationnalisme, la question des diasporas, etc., bref autant de questions qui devraient interpeller à la fois les pays du Sud tout comme ceux du Nord malheureusement les choses traînent parfois.
Des organismes ont compris cela et des efforts sont, présentement, mobilisés pour soutenir la recherche et les structures qui s’intéressent à ces problématiques évoquées et à la question des droits humains en matière des migrations.  A cet effet, le Groupe d’études et de recherches sur les migrations et les faits de sociétés avec le soutien du Centre de recherches pour le développement international (Crdi) est en train de réaliser une recherche qui porte sur la protection sociale des migrantes sénégalaises évoluant dans les activités agricoles et les services particuliers en Espagne.Une recherche menée dans le contexte général des législations nationales et internationales existantes, en relation avec les droits des femmes et des femmes migrantes en particulier.
Pour rappel, le besoin d’assurer les droits et la protection des migrants a été reconnu et sanctionné dans plusieurs conventions des Nations unies et de ses agences spécialisées ainsi que dans les dispositions nationales et à l’échelle africaine.
Les différents instruments tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 48, le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels qui garantissent le droit à la protection sociale, la convention internationale de 1990 sur la protection des droits de tous les migrants et de leurs familles, la Convention sur l’élimination des discriminations à l’endroit des femmes (Cedef) de 1979, le Protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatifs aux droits des femmes en Afrique, de 2003, etc., sont des cadres légaux pour la protection des droits des migrants.

alytandian @ 10:23
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La marche des imams dans une banlieue de Dakar, quelle lecture ?

Posté le Vendredi 12 décembre 2008

La marche des imams dans une banlieue de Dakar, quelle lecture ?

http://www.seneweb.com/news/article/20118.php

 

Il faut replacer les choses dans leur contexte et par conséquent évoquer les propos des uns et des autres sans la volonté d’obliquer. Dans un journal de la place, il me semble avoir lu l’imam, coordonnateur du collectif des résidents de Guédiawaye et initiateur de la marche dire que « le combat est aussi celui des élus locaux de Guédiawaye […] par conséquent, il est inacceptable et incompréhensible que des élus locaux posent des actes de nature à saper le moral des populations ». Je pense qu’à partir de ces propos un jalon est posé pour faire comprendre en termes précis l’âme de la marche initiée par des imams de la banlieue. Du point de vue sociologique, il faut noter que cette marche n’est pas seulement celle des imams encore moins celle des imams de Guédiawaye mais de toutes les populations qui se reconnaissent à travers les revendications avancées et affichées sur les pancartes exhibées. Je ne suis pas entrain de caricaturer en soutenant que cette action est normale ou pas. Non ! Je ne suis pas entrain de soutenir que cette pratique est réservée aux imams musulmans chiites et non aux sunnites qui doivent suivre l’exemple du prophète Ibrahim. Non ! La question est ailleurs seulement pour la cerner il serait bien de s’intéresser à la cause efficiente de cette marche car il faut le dire rapidement il n’y a pas eu que des imams qui ont pris part à cette manifestation même s’ils ont été à l’origine de cette manifestation. Des images, des propos rapportés, etc. laissent apparaître la contribution de jeunes, de vieux ou de femmes, etc. à la marche. En clair, si la marche a été provoquée par des imams l’idée de matérialiser un ennui, à savoir contre les coupures d’électricité et la vie chère, a été partagée par de nombreuses populations. Cette remarque nous invite d’ailleurs à nous demander naturellement pourquoi des imams de la banlieue ? Pourquoi à Guédiawaye et non à Point E ou aux Almadies ? Faut-il aller jusqu’à dire qu’au Sénégal il y a des entités sociospatiales qui vivent les coupures d’électricité et la vie chère de manière différente pour comprendre cette marche des imams de Guédiawaye.

 

Un phénomène nouveau tout de même ?

 

Non ! Cette marche organisée par des imams est un fait, un fait social, pour la définir sociologiquement, et qui nous aide à comprendre l’évolution de la société sénégalaise et le rapport que celle-ci a avec son passé. Je ne suis pas de ceux qui pensent que c’est la première fois que des religieux prennent part à la gestion de la Cité. Nous n’avons pas besoin d’évoquer la Grèce Antique et encore moins l’évolution des sociétés occidentales pour expliciter le complicité ou la déphasage quelquefois entre le religieux ou le spirituel et le temporel lorsqu’il est question de la gestion de la Cité. Au Sénégal, l’histoire nous apprend que des religieux se sont manifestés d’une manière ou d’une autre pour appuyer ou désavouer une politique ou un politique. Bien avant les années 80, pour se référer au règne du Président Abdou Diouf, des renvois historiques peuvent être faits sans difficulté ! Non ! Ce n’est pas un fait nouveau ! Peut-être la forte médiatisation avec la complicité des technologies de l’information et de la communication (plus de radios, plus de journaux, internet, etc.) a joué un rôle déterminant dans la diffusion médiatique de cette manifestation organisée par des imams de Guédiawaye.

 

Organiser une marche est-ce le devoir d’un imam ?

 

Comme je l’ai dit antérieurement, je me réserve le droit ou le devoir d’apprécier ! Ce n’est pas mon travail. Seulement, il faudrait se demander si l’imam est un citoyen au même titre que les autres avec des factures à payer et un TVA à s’acquitter lorsqu’il est question de faire des achats. Si c’est le cas, je ne vois pas de dysfonctionnement que des imans prennent part aux manifestions publiques qui ont pour objet de revendiquer des préjudices ! Si dans la conscience collective des Sénégalais il n’est pas dérangeant ou n’a pas été dérangeant de voir ou d’entendre des imams et autres guides religieux faire appel pour soutenir un candidat politique en quoi est-il déplaisant de voir un imam dénoncer une politique. Je ne pense pas qu’il ait raison de changer les règles du jeu en plein jeu ! Le terme religion désigne un ensemble de rites, de croyances généralement théistes, de règles éthiques ou pratiques ou de dogmes adoptés comme conviction par une société, un groupe ou une personne. Et l’iman qui a un rôle a joué dans tout cela est un être à comprendre comme il est aussi question de se demander si on peut séparer la religion du social ou politique ? Cette marche est elle la prémisse d’une théologie de la libération ? Que va-t-elle coûter aux imams ? De l’estime ? Plus d’obéissance ou moins d’obédience ? L’histoire du Sénégal retiendra tout simplement que des imams ont pris une avance, une réelle avance, sur d’autres entités qui ont préféré se blottir malgré les nombreuses difficultés qui font le charme des quotidiennetés sénégalaises. Des conséquences et des sanctions vont tomber de cette marche de protestation. Je ne sais pas de quel ordre et de quel côté.

 

 

alytandian @ 23:37
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“The Transatlantic Forum on Migration and Integration (…)”

Posté le Samedi 19 juillet 2008

The Transatlantic Forum on Migration and Integration:

 

For a new glance at the international migrations and a real vision on the question of reception of foreign populations (…)

 

Dr. Aly Tandian is a Teacher-researcher at the Department of Sociology (University Gaston Berger of Saint-Louis, Senegal), associate member of the Center for Social Anthropology (LISST) in Toulouse and scientific collaborator with the Center of Studies on Ethnicité and Migrations (CEDEM -University of Liege, Belgium). Contact : Tandian@ugb.sn Our Staff Reporter Kizito Makoye Caught up with him in Nuremberg, here are some of his insights about migration trend.

 

Sources : www.theexpress.com

 

What is your view on current migration in Africa and the world?
Of course what makes the news of migration in Africa is the flow of boats leaving in recent years the West African coast to dock in the Canary Islands in Spain. As a sociologist, I refuse to limit myself to the simple movements of canoes, the mobility of people, etc. I think what really interests me is why Europe continues to be a dream destination for populations which are from Africa or elsewhere. If we still remember, in recent years, migration has raised many questions. It continue to influence policies in many countries. However, the phenomenon remains elusive because of ambiguities which hide behind certain concepts. If drought or political crises are reasons often cited to explain the movement of populations from South to North, many other factors come into play and often beyond the mechanistic analyses that attempt to explain the choice of migration destinations. Indeed, previous “painful” events in the Spanish enclaves, Ceuta and Melilla, have helped to measure the determination of candidates for migration, more recently, Senegalese canoes which run aground on the Spanish coast. We are building on the intensity of the desire to seek one’s fortune in Europe. As a sociologist, I do want to fall into categories or patterns: Caricature of Senegal, migration is at the centre of discussions. It has even become one of the few topics of discussion bringing together all segments of the local population regardless of age, sex, ethnicity, educational level or professional status. This was mainly made possible by the fact that system-level representations of local prototypes are frequently mentioned when it comes to talk about migration and other things. Travel for the majority of Senegalese is not simply synonymous with acquisition of a stable job but sometimes it symbolizes the way to begin to acquire wealth and in the eyes of his peers, social prestige.

 

Do you think now is the right time to re-visit issues surrounding global migration?
Yes it is now timely to reread migration, because it remains little known the real motivations of candidates for travel! Today, the desire to migrate is more pronounced in the South because of the impact of television on a large audience, such as TV5, Canal Horizon, CNN or Euronews, on people who do relive this illusion. Thus, the premise of seeking better living conditions as one of the main causes of migration is no longer negligible. It is based on the deterioration of socio-political structures and local economics, but also on non-productivity of the fishing industry, that attracts many more people who choose to migrate to improve their daily lives. Rumour helps many young people who aspire to go to Europe, they can succeed in making their living like all those migrants who have returned to Senegal with money, cars, to build beautiful homes and organize large ceremonies. For those seeking to migrate, travel to Europe is a possible trajectory to the absolute economic success without which they will have lost their social dignity in a Senegalese society, which is more and more a society where the dominant make a lot of noise. Thus, the watchword for these young candidates for the trip is “Barça or Barsaax” (Go to Barcelona or die). Unfortunately many among them have failed! They had left aboard a makeshift canoe braving the sea and its waves to make a fortune in Europe, passing nights of anxiety and fear. The Spanish or European Eldorado, generally speaking, they have just glimpsed before returning to Senegal.

 

What measures are there to curb illegal emigration in your country?
You know, today, to try to curb illegal emigration to Europe many policies are defined.The EU has allocated a fund repatriation of 30 million euros for 2005-2006 funding flights charters’ program (Neptune) accompanied by measures to reintegrate in their countries of origin and guaranteeing fundamental rights. Senegal has launched in late 2005 Plan Back to Agriculture (Reva), but a year later, players agricultural and clandestine repatriated from Spain and North Africa showed little entrain confront this initiative. Clearly, “Barça or Barsaax” (Go to Barcelona or die) attests to the hard candidates for migration who want to make a fortune with boats of fortune. The fences of Ceuta or Melilla and helicopter surveillance of maritime waters of Frontex they discourage all those for whom the galley of an illegal immigrant in Europe is better than to languish in a village without hope here or elsewhere. I do not think so! I truly doubt because Sunday, June 29 some 179 African illegal immigrants arrived on board a boat in the Spanish Canary Islands and among them there were 26 minors! Should we then wonder with these departures of candidates for irregular migration that the “Plan Reva”, patrols of Frontex, etc.. reveal their limits? I do not know! But I can say that policies are in the invention of formula! Each day they create new ones! We are talking aboutmigration chosen “here”, the fight against family reunification “there” or refusal regulations massive “there”! There are laying a few days in France, the Commission Mazeaud has rejected the principle of quotas, a principle that points on the lips of some politicians, unfortunately, all day ! These are not quotas that will solve the problems because they are unrealistic and are of no interest. They are not chimerical. And by the way, emphasizes Mazeaud Commission clearly that “a policy of restrictive immigration quotas would be useless real immigration work, ineffective against illegal immigration.”

 

In specific terms what are you proposing?
I do not say “No to a selective immigration! Yes to a concerted immigration!” but I can still say that Europe is sorting ageing each day! Between 2010 and 2030, Europe will have 25 million people less active, which will make immigration inevitable. From my view as a sociologist, this is not to say it’s good or not to adopt or encourage migration! Again, my view is not to denounce but just designate the constitution of the phenomenon or manifestation of movement on one side with the definition of politics and the other mobilization strategies to escape! I believe that participating in the Transatlantic Forum on Migration and Integration (TFMI) organized by the German Marshall Fund and the Robert Bosch Stiftung in Nuremberg from 9 to 13 July was useful. I tried to mingle with sociologists, journalists, members of NGOs.

alytandian @ 13:43
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« Vouloir faire fortune en Europe avec des pirogues de fortune : des Cayucos sénégalais aux îles Canaries

Posté le Samedi 3 mai 2008

résumé de l’article – Dr. Aly Tandian
Avec une agriculture peu rentable à cause des sols infructueux et du désengagement de l’État imposé par les programmes d’ajustement structurel, de nombreuses populations sénégalaises rurales s’orientent vers les centres urbains pour échapper à la pauvreté endémique. Dans leurs nouveaux territoires, elles deviennent de simples acteurs du secteur informel où elles cohabitent avec des citadins victimes de déflations, de licenciements, de fermeture d’entreprises, etc. Ainsi, la migration qui a déjà séduit plusieurs populations sénégalaises est devenue l’ultime alternative, aussi bien pour les ruraux que les citadins, pour échapper au dénuement économique. Ma réflexion se penche sur les populations sénégalaises qui, à partir d’un imaginaire construit et sous la contrainte de pressions sociales, matérielles et économiques, prennent des pirogues de fortune pour rejoindre l’Europe par les îles Canaries (Espagne). Qu’est-ce qui motive ces migrations « irrégulières » / « clandestines » des Sénégalais ? Comment s’effectuent leurs voyages ? Quelles sont les ressources et stratégies mobilisées pour partir ? Est-il possible de comprendre ces flux migratoires sans interroger l’historique des migrations sénégalaises ? Dans la dynamique d’une socioanthropologie de l’acteur, ce texte tente d’apporter des réponses à ces questionnements fort complexes et peu interrogés malgré l’euphorie de quelques activistes (d’ici, là et là-bas) – qui cherchaient, en vain, à s’accaparer de l’étude du phénomène des cayucos sénégalais qui s’échouent sur les côtes espagnoles.

Mots-clés : Clandestin – Espagne – Images – Migration irrégulière – Pirogues – Sénégal – Socioanthropologie – Stratégies migratoires

alytandian @ 16:24
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Logiques entrepreunariales des populations originaires d’Afrique subsaharienne à Liège

Posté le Mercredi 12 mars 2008

résumé de l’article – Dr. Aly Tandian

Article publié par Global Commission on International Migration – 1, Rue Richard Wagner. CH:1202 Geneva. Switzerland

http://www.gcim.org

Au cours de ces dernières années, la question de l’immigration, en Europe occidentale, a suscité de nombreux débats et questionnements tant au niveau politique qu’au niveau de la société civile. Ces périodes sont marquées, en Belgique, par la décision du gouvernement d’atténuer les flux migratoires à la suite d’une sévère crise économique ayant entraîné un important taux de chômage sur le plan national et surtout en Wallonie où plusieurs charbonnages ont été fermés. Mais contre toute attente, ces années ont coïncidé avec l’arrivée de beaucoup de demandeurs d’asile originaires le plus souvent de l’Europe orientale et centrale, de l’Asie (Afghanistan, Iran, Irak, Chine, Pakistan…), de l’Afrique subsaharienne (République Démocratique de Congo, Ghana, Côte d’Ivoire, Guinée,…), etc.

Dès lors, le thème de la migration est davantage présent dans les discours politiques frôlant la xénophobie et, de plus en plus, les populations étrangères sont perçues par de nombreuses populations locales comme une véritable menace à la société belge. Cette situation de stigmatisation des migrants a très vite pris des proportions considérables avec surtout la polémique sur le foulard islamique1 et le droit de votes aux populations étrangères. Elle a surtout comme conséquence d’orienter les métèques vers des métiers peu stables tels que le commerce ainsi que les services marchands. Ainsi, des populations d’Afrique noire, après bien d’autres résidents étrangers (Italiens, Marocains ou Turcs), mobilisent d’énormes efforts pour la création de leurs propres entreprises, notamment des SPRL ou encore des ASBL, pour se parer de la précarité et de l’exclusion socioprofessionnelle auxquelles elles sont constamment victimes.

Ces migrants de la misère seraient-ils compétents à contribuer à l’économie nationale belge malgré les nombreuses difficultés qui paralysent souvent le secteur tertiaire vers lequel ils se sont orientés? Cet article est une contribution à la connaissance des logiques entrepreneuriales de populations originaires d’Afrique subsaharienne en Wallonie et à Liège plus principalement. Son intérêt est de saisir les stratégies et les obstacles de ces petites entreprises que les négociants migrants originaires d’Afrique subsaharienne perçoivent être des remèdes face au chômage et à la précarité.

 

alytandian @ 23:30
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Stratégies d’autonomie, investissements développementalistes et besoins collectifs. Nouvelles figures de migrants de la vallée du fleuve Sénégal

Posté le Mercredi 12 mars 2008

résumé de l’article – Dr. Aly Tandian
Frappées de plein fouet par des événements conjoncturels et structurels liées aux programmes ’ajustement, aux nouvelles politiques agricoles, etc., les populations africaines ont connu des flux migratoires, qui se sont effectués à un rythme tel que ne restent plus dans les villages que les populations vulnérables qui supportent difficilement les conditions de vie. Dans ce contexte de déplacements des populations «valides», les discours dominants présentent une Afrique «bâillonnée» qui se trouve dans un état « semi-éthargique » avec « en 1997, 220 millions de personnes vivant dans la pauvreté absolue » mais qui ne cesse de faire de la migration une stratégie d’autonomie face à la fin de l’État providence. Et c’est ainsi qu’il est urgent de souligner que si l’Europe peut être tentée de ne considérer la migration que comme un fait démographique suscité par son développement économique, l’Afrique, elle, est amenée à la vivre comme une étape nouvelle de son histoire propre, située dans le prolongement de toute la série de déplacements qui ont fait son histoire. Au Sénégal, les mouvements migratoires sont surtout et durant longtemps masculins avec une croissance nationale de -0,2 % en 1988-1993 et de -0,4 % dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal où les justifications et les conséquences sont nombreuses, les destinations de plus en plus complexes et lointaines contribuant aux longues absences.Cette situation s’est surtout développée dans la vallée du fleuve Sénégal, mais avec les transferts de fonds et de biens, la migration tout en permettant aux populations de couvrir les coûts de l’agriculture irriguée, occasionne des investissements sociaux collectifs (dispensaires, puits, écoles, bureaux de poste, magasins coopératifs, banques de céréales, activités maraîchères, etc.) et contribue à l’allégement de la main-d’oeuvre agricole qui se féminise davantage avec les absences des hommes. Au regard du mode de vie quotidien des populations de la vallée du fleuve Sénégal, il est devenu récurrent de voir émerger de nouvelles stratégies développementalistes pour échapper à la précarité des populations. Comment les associations de migrants aménagent-elles des plages d’autonomie face à l’incessante augmentation du pouvoir d’achat local ? Comment sont gérées les nouvelles infrastructures médicales, hydrauliques, scolaires mises en place par les associations de migrants, nouveaux acteurs du développement ? Existe-t-il une articulation entre les besoins collectifs des populations locales, les insuffisances des engagements du pouvoir local et les stratégies développementalistes ? Le travail que nous proposons a pour objectif de déchiffrer et de visibiliser des situations collectives et de comprendre les recompositions productives qui prennent forme avec les stratégies développementalistes et qui d’une autre manière prennent la relève des pouvoirs politiques. Il s’inspire d’une socio-anthropologie interactionniste et d’un fondement méthodologique centré sur quelques entretiens semi-directifs et observations in situ dans plusieurs villages de la vallée du fleuve Sénégal.

alytandian @ 23:29
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Barça ou Barsaax (Aller à Barcelone ou mourir). Déchantement des candidats sénégalais à la migration

Posté le Mercredi 12 mars 2008

Texte publié dans la revue Diasporas, Histoires & Sociétés, n°9, 2007 : Chercher fortune

http://w3.framespa.univ-tlse2.fr/revue/articles_fiche.php?id=400

résumé de l’article – Dr. Aly Tandian

1 – Aller à Barcelone ou mourir : candidats sénégalais à la migration. “ Barça ou Barsaax ” (“ Aller à Barcelone ou mourir ”), tel est le slogan brandi par des Sénégalais montés sur des pirogues qui se sont échouées dernièrement aux Iles Canaries. Quelle est la portée de leurs actions ? Faire fortune en Europe avec des embarcations de fortune est leur vœu le plus cher. Malheureusement, nombre d’entre eux, plus de 4000, ont été renvoyés par vols charters dans leur pays d’origine. Ainsi leur rêve d’exil en Espagne est-il tombé comme un château de cartes après avoir bravé la mer et ses périls.

2 - To Leave to Barcelona or Die : Senegalese Candidates to Migration. ‘Barça or Barsaax’ (‘To leave to Barcelona or die’), that is the slogan brandished by Senegalese seating in the pirogues that ran aground lately in the Canary Islands. What is the outreach of their action ? To make a fortune in Europe with crafts of destiny was their deepest wish. Unfortunately, a number of them, more than 4,000, were sent back to their countries of origin via charter planes. So their dream of banishment in Spain fell down like a house of cards after having braved the sea and its dangers.3 – Llegar hasta Barcelona o morir: candidatos senegaleses a la migración. “Barça o Barsaax” (Llegar hasta Barcelona o morir), tal es el eslogan que es esgrimido por algunos senegaleses embarcados en piraguas que encallaron recientemente en las costas de las islas Canarias. ¿Cuál es su objetivo? Su mayor deseo es hacer fortuna en Europa, aun acogiéndose a embarcaciones de fortuna. Desgraciadamente, muchos de ellos, más de 4 000, fueron devueltos a su país de origen mediante vuelos charter. De forma que sus sueños de exilio en España se desmoronaron como un castillo de naipes después de afrontar el mar y sus peligros.

alytandian @ 23:13
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Droits des femmes et migration en Afrique de l’Ouest

Posté le Lundi 11 février 2008

résumé de l’article – Dr. Aly Tandian
Depuis les années 1970, les flux mondiaux de migration se sont énormément développés et les grands mouvements migratoires vont principalement de l’Afrique vers l’Europe, de l’Amérique latine vers les Etats-Unis ou le Canada et des pays asiatiques comme l’Indonésie ou les Philippines vers le Japon, les Etats-Unis, les pays du Golfe ou l’Europe (Stephen Castles, 2007). En effet, si auparavant, les origines géographiques et la nature des flux migratoires internationaux ont connu de profondes modifications au cours des dernières années, dorénavant les réfugiés et les demandeurs d’asile, qu’ils soient hommes ou femmes, frappent aux portes des pays du Nord en nombre croissant. En ce sens, quelques spécialistes et une grande partie de l’opinion publique redoutent de plus en plus une arrivée massive de migrants en provenance du Sud et de l’Est dans un avenir proche. En aggravant les déséquilibres économiques entre le Nord et le Sud, la crise économique mondiale des années quatre-vingt explique sans doute cette situation (Richard Lalou, 1996). Parallèlement aux flux des populations qui quittent le Sud vers le Nord et qui sont souvent présentés comme un phénomène historique et pérenne, les migrations internes ouest-africaines restent une réalité fluide, fragile mais souvent esquivée par les recherches en Sciences Sociales qui s’intéressent aux mobilités des populations. Toutefois, il faut noter que les récents changements économiques et sociaux (crise économique, programmes d’ajustement structurel, dévaluation du franc CFA), et politiques (conflit entre la Mauritanie et le Sénégal en 1989, guerres civiles dans les pays du Mano River et en Côte d’ivoire, troubles politiques en Guinée et au Togo, etc.) ont modifié largement la carte des migrations Sud-Sud et Sud-Nord. Celles-ci, lorsqu’elles sont interrogées, se limitent aux déplacements des hommes. Ainsi, la perception commune est que les migrants sont majoritairement des hommes mais les estimations mondiales ventilées par sexe confirment que, depuis 1960, le nombre de femmes migrantes transfrontalières est comparable à celui des hommes migrants. En 1960, on comptait près de 47 femmes migrantes pour 100 migrants vivant en dehors de leur pays de naissance. Depuis, la proportion de femmes dans les migrations internationales a légèrement augmenté, atteignant 48% en 1990 et près de 49% en 2000 (OIT, 2003 : 9). Face à cette situation, est-il pertinent de se demander en quoi le genre modèle-t-il les expériences différentes des hommes et des femmes migrants ? Le genre peut-il avoir davantage d’impact sur l’expérience migratoire ? La migration peut-elle être un facteur d’autonomie pour les femmes ? Peut-elle apporter aux femmes de nouvelles expériences et une indépendance économique ? Les pouvoirs politiques ont-ils vraiment pris en compte la dimension et la problématique du genre dans la gestion des migrations ? Les migrations interne et externes des femmes originaires d’Afrique de l’Ouest peuvent-elles favoriser l’égalité et offrir aux femmes des possibilités qui n’existent absolument pas dans leur pays d’origine ? Ces migrations peuvent-elles aussi conduire à des violations des droits humains ? Et à quelles circonstances ? Pourquoi les États d’Afrique de l’Ouest continuent à rester « relativement » silencieux sur les droits des migrantes en dépit d’une reconnaissance croissante de l’importance de ces migrations pour les objectifs du développement ?

alytandian @ 14:37
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Gouvernementalité en Afrique de l’Ouest : scénarios et effets des ONG internationales

Posté le Lundi 11 février 2008

résumé de l’article – Dr. Aly Tandian
Ce travail aborde l’évolution des systèmes politiques en Afrique de l’Ouest en croisant deux approches : la socioanthropologie politique de la gouvernementalité des populations et celle des relations internationales. La première privilégie la construction de l’Etat ainsi que les mutations politiques en Afrique de l’Ouest. La seconde s’attache plutôt aux turbulences de la scène mondiale, à l’irruption des « nouveaux acteurs transnationaux » qui viendraient concurrencer l’Etat et préfigurer l’émergence d’une « internationale » civile, à commencer par les ONG (Nonna Mayere et Johanna Siméant, 2004). Est-il pertinent de parler de concurrence ? Peut-on parler du système politique africain en faisant abstraction de l’historicité des peuples ? Quelle lecture peut-on faire des actions des ONG en Afrique de l’Ouest ?
Dans cette recherche, outre une revue de la littérature, des enquêtes qualitatives ont été effectuées auprès d’acteurs membres d’ONG nationales ou internationales, de la société civile ou du Forum civil mais aussi de chercheurs universitaires, de juristes, de sociologues ou de politologues, etc. ayant étudié durant plusieurs années les ONG nationales et internationales. L’intérêt de ces enquêtes est d’abord d’engager un examen critique, ensuite d’identifier les limites des ONG internationales et enfin de définir quelques recommandations aux ONG internationales afin qu’elles comprennent mieux leurs rôles dans l’évolution des systèmes politiques contemporains en Afrique de l’Ouest. Auparavant, signalons que même si cette recherche a essayé de ne pas prendre position face aux travaux qui ne cessent de désigner les difficultés pour définir les ONG internationales, n’empêche, elle ne saurait se faire sans inviter à une déconstruction de la notion d’ONG dont Samy Cohen souligne que la définition est à la fois insaisissable et galvaudée, depuis son apparition officielle dans l’article 71 de la charte des Nations Unies en 1945. Au fil des années, la notion d’ONG s’est imposée pour évoquer des structures associatives consacrées à des activités de coopération pour le développement. Celles-ci existaient antérieurement mais elles sont apparues plus visibles à la suite du relatif échec des grands projets étatiques de développement et grâce à la couverture médiatique croissante dont elles ont été l’objet (Bernard Hours 1992 : 38).
Aujourd’hui, cette notion d’ »ONG » réunit, sous le même chapeau, des organisations gouvernementales et des non gouvernementales, des associations à but non lucratif et des groupements d’intérêt économiques, des religieuses et des laïques. En l’absence de statut juridique internationalement accepté, ce sont les systèmes d’accréditation qui comptent, plutôt que d’improbables définitions « scientifiques » (Samy Cohen 2004). Outre cette difficulté majeure qui réside dans la définition de la notion d’ »ONG » quelques questionnements peuvent être soulevés lorsqu’il est question de s’intéresser au rôle des ONG en Afrique. Quel type d’ONG internationales faut-il pour les sociétés contemporaines en Afrique de l’Ouest ? Les ONG internationales peuvent-elles s’intéresser au volet économique sans prêter attention à l’évolution du système politique local ? Comment faciliter la participation efficace des populations aux processus de développement sans assurer une liberté d’expression à tous et le renforcement institutionnel dans les Etats d’Afrique de l’Ouest ?
Comme nous allons le voir dans les pages qui suivent, la sociologie a beaucoup à dire dans le débat sur l’évolution du système politique en Afrique de l’Ouest car si les analyses sont prolixes en diagnostics promotionnels ou critiques, elles restent néanmoins très discrètes sur les pratiques des politiques qui sont des acteurs essentiels. Cet article débute par la mise en contexte du questionnement anthropologique classique envers les systèmes politiques africains et des réflexions de scientifiques contemporains sur leurs évolutions. Ensuite, il analyse les limites des ONG internationales en Afrique de l’Ouest et enfin, en dernier lieu, il définit quelques éléments essentiels qui méritent d’être pris en compte par les ONG internationales présentes en Afrique de l’Ouest.

alytandian @ 14:29
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